La charrette bleue, ou le plus beau voyage

(conte pour le temps de Noël)

 

 

Ceci est l’histoire, triste et belle, d’une charrette toute simple, d’une charrette bleue comme il en parut beaucoup sous le ciel de France et comme on n’en voit plus guère. C’était une brave charrette, prête à rouler dans la poussière ou dans la boue, à porter tout ce qu’on voulait : de ronchonnants cochons, des moutons bêlants ou des tas de betteraves violettes qui dégringolent dans un gai tohu-bohu. Mais sa gloire secrète, c’était, les soirs de juin, d’osciller doucement sous un énorme chargement de foin qui laisse derrière lui un sillage embaumé et des brins accrochés aux branches basses des arbres. Le fils du fermier – c’était encore un gamin – avait parfois permission de trôner là-haut, heureux comme un roi.

 

D’ornière en ornière, elle en avait fait des tours de roue, la charrette bleue ! Sur des chemins de terre divisés par une belle bande verte et sur des routes blanches, flanquées de bornes encapuchonnées de rouge. Un beau jour ces routes étaient devenues toutes bleues, d’un bleu triste et dur, qui ne faisait plus sous les cercles de fer ce gai grésillement de la poussière de silex écrasée. Et elle en avait traversé, des villages ! Les jours de foire elle avait connu l’animation bariolée des places. Bien joli, tout cela ! Mais qu’y avait-il derrière cet horizon de forêts si belles ? Nul ne l’avait jamais conduite de ce côté-là.

 

Elle avait vieilli dans ce rêve et dans ce regret. Maintenant, ses ais disjoints branlaient dans leurs logements, ses roues penchées ressemblaient aux jambes d’un cheval cagneux, chaque mouvement tirait d’elle grincements ou gémissements et l’on eût dit qu’elle menaçait à tout moment de se disloquer. Quant à sa belle couleur primitive, ce n’était plus que le bleu d’un matin d’hiver sali de brumes.

 

À l’époque où commence mon histoire, les machines agricoles commençaient tout juste de faire leur apparition au fond des campagnes. C’étaient les chevaux – eux que nous voyons maintenant faire les glorieux dans les cirques ou les manèges – qui avaient toute la peine. Au chant des oiseaux se mêlaient encore dans l’oreille des promeneurs le crissement des essieux et les claquements du fouet.

 

Un jour – ainsi va le progrès – un convoi mirobolant – tracteur et chariot métallique écarlates et jaune canari – fit son entrée dans la ferme. Il vomissait une fumée noirâtre et nauséabonde, il menait grand bruit, mais celui qui le conduisait ne paraissait nullement en souffrir. C’était le fils du fermier devenu grand, mais il n’aurait pas changé sa selle de fer tressautante contre le trône de foin paisible et odorant de jadis.

 

Il fallut reléguer la vieille servante sous le hangar aux vieilleries. Les quatre vents y entraient comme chez eux et le toit de tôle rapiécé laissait goutter la pluie. Là, parmi les chamailleries des chats et des poules ébouriffées, voisinaient pêle-mêle la Herse édentée et le Bahut boiteux, la Meule fêlée et la Moissonneuse aux bras paralysés. Tout ce monde-là se serra tant bien que mal pour faire place à la nouvelle venue. Mais elle ne put trouver abri tout entière, en sorte que ses brancards passaient au-dehors, comme des bras tendus vers les passants.

 

Et les heures et les jours, et les mois et les années commencèrent leur ronde monotone autour de la délaissée. L’Araignée fila sa toile entre les rayons des roues, la marmaille emplumée s’oublia au hasard, le Ver vrilla dans sa chair devenue friable ses capricieux souterrains. Jusque dans ses bras le Vent et la Pluie se donnaient rendez-vous. La vieille Charrette souffrait tout cela en silence : n’avait-elle pas ses

Petites consolations ? Une pie s’est perchée sur son bras et se met à jaser ; l’ondée de passage essaie dans l’auge voisine ses notes les plus cristallines et voici qu’une feuille d’or, qui descendait en dansant, nous a frôlée d’une furtive caresse… Un souffle printanier a passé sur la neige et du toit tombent cabriolantes mille rieuses cascatelles !

 

À ces menues distractions s’ajoutent les plaisirs du voisinage. La vieille Charrue rouillée conte pour la centième fois les aurores et les soirs, les glèbes grasses et fumantes retournées comme la mer sous l’étrave d’un navire.

- Tout cela est bien joli, réplique la Herse édentée, mais qui faisait le travail en finesse, qui peignait la terre pour la rendre plus belle ? Moi, la Herse.

À quoi la Moissonneuse, qui ne moissonne plus que les fils de la Vierge, rétorque que tout cela est bien peu de chose à côté de la gloire de s’avancer en conquérante parmi l’immensité des blés mûrs…

Quand tout se tait, le soir, le Bahut boiteux, qui bâille de la porte et qui a perdu tous ses tiroirs, en profite pour raconter une fois de plus des histoires de famille auxquelles personne ne comprend rien… De son côté la Meule fêlée n’est pas du tout fâchée quand une main enfantine empoigne sa grande manivelle et qu’elle peut enfin, dans un fond d’eau verdie, s’humecter tout entière. Comme siffle alors délicatement la lame du canif enfantin !

 

C’est ainsi que la sagesse des humbles se nourrit des miettes de bonheur que la vie leur abandonne. Mais mille petits plaisirs empêcheront-ils jamais les âmes mélancoliques de choyer une vieille chimère ? Comment ne pas songer à toutes ces routes inconnues, si belles dans la lumière du rêve ?

Ce soir, comme chaque soir, le fils du fermier est passé, fièrement juché sur sa pétaradante machine. Et le Vieux est passé lui aussi, grognant on ne sait quoi et traînant ses sabots. Aucun d’eux n’a jeté un regard à la vieille servante.

Il pleut doucement dans la nuit qui vient.

 

 

*****

 

 

Un matin d’avril, la Charrette bleue fut tirée de sa rêverie par un gai martèlement de sabots. Deux fringants chevaux passaient par là.

- Je vous demande bien pardon, messieurs les Ch’vaux, dit la Charrette bleue, je suis une vieille carcasse plus bonne à porter grand chose. Mais rouler, ça oui, je le peux encore. C’est pourquoi j’me disais, sans vouloir vous commander, bien sûr, des fois que vous iriez du côté de la forêt là-bas…

- Eh bien quoi, la forêt ?

- Si ça vous ennuierait beaucoup de m’emmener faire un petit tour par là-bas, voilà si longtemps que j’en ai envie…

- Oh, oh ! la vieille, repartit l’un des chevaux en redressant fièrement la tête, nous avez-vous bien regardés ? Apprenez, ma belle, que nous sommes non chevaux de trait, fi donc ! mais bien Coursiers de qualité et ce depuis l’aube des temps. Jamais notre race ne porta le harnais, fût-ce pour carrosse royal. Mon plus lointain aïeul refusa même de s’atteler au char du Soleil ! Ce n’est point pour remorquer aujourd’hui un tas de bois vermoulu.

- Oh pardon, messieurs les Coursiers de qualité, comment pouvais-je savoir ?

- Pour moi, dit l’autre cheval, sachez que je descends en droite ligne de Bucéphale, le cheval d’Alexandre. Mon camarade, lui, eut Pégase pour ancêtre.

- Voyons, mon cher, dit l’autre, vous perdez votre temps. Vous voyez bien que madame n’a pas étudié l’histoire ni la généalogie. Elle ne sait qui sont Alexandre et Pégase…

- Je vous demande bien pardon, messieurs les Coursiers de qualité, je suis très ignorante, c’est vrai, mais je connais bien le père Alexand’, çui-là qui d’meure là-haut, à la croisée des chemins. Quant à votre monsieur… Bécasse…

Les deux chevaux s’esclaffèrent d’un long rire cascadant à la mode chevaline.

- Nous vous parlons d’ALEXANDRE, un fameux conquérant de l’antiquité. Et de PÉGASE, un cheval ailé – autant dire un Ange. Tels sont nos ancêtres. Ainsi, voyez si nous sommes faits pour les brancards.

Tandis qu’ils s’éloignaient, la Charrette bleue entendit qu’ils continuaient de se gausser.

- Parbleu, soupira-t-elle, une vieille ruine comme moi, c’était forcé. J’aurais dû m’adresser moins haut…

 

 

*****

 

 

À peu de temps de là, devançant la fermière et le garçon vacher, vinrent à passer la Vache et le Bœuf. Culottés de crotte et précédés de leur nez bonhomme et mal mouché, ces deux-là n’avaient pas l’air fort intimidant. Néanmoins la Charrette bleue présenta sa requête avec humilité.

Le Bœuf et la Vache s’arrêtèrent. Écoutèrent, considérèrent, ruminèrent. Se turent. Ce fut le Bœuf, en sa qualité de seigneur, qui prit enfin la parole. Relevant ses cornes avec majesté :

- Voisine, dit-il gravement, je vous arrête (la Charrette bleue se taisait depuis un long moment). Doucement, je vous prie ; et procédons par ordre. Vous avez dit : Bœuf. C’est bientôt dit. Nous sommes, s’il faut vous l’apprendre, DU BŒUF DE LA CRÈCHE DE BETHLÉEM. Noblesse fort ancienne, comme il appert, et qui remonte tout juste à l’an 1 de Notre-Seigneur. Nous portons « De sable aux trois couronnes d’or sommées de l’Estoile » et pour devise ADSUM, je suis là, en souvenir de la Nuit mémorable. Je conclus de ce qui précède que m’appeler Bœuf, tout sec, est une déplorable ignorance, que dis-je ? une inconvenance, une incongruité, une impertinence, et j’ose même le dire, voisine, une impiété regrettable. Oui, je le maintiens : une im-pié-té.

 

Le Bœuf agita ses fanons avec noblesse comme un magistrat les manches de sa robe. Baissant un peu la tête, il ajouta après un moment :

- Je sais, je sais, il a pu m’arriver, pour le plaisir de l’exercice et par pure amitié pour le fermier, de l’accompagner parfois aux champs. Est-ce une raison pour que moi, Bœuf d’illustre maison, je m’attelle à vous, charrette sans nom ? Je vous le demande. D’ailleurs atteler suppose un attelage, et quelqu’un qui attelle. Or je ne vois rien de tout cela ici.

- C’est vrai, ça, songea la Charrette. Les Coursiers de qualité n’ont pas pensé à ça, eux.

Le Bœuf se tourna nonchalamment vers la Vache pour ajouter :

- Mais peut-être madame a-t-elle une idée…?

- Voilà bien nos hommes ! dit la Vache. Toujours à faire les importants ! Parce que l’ancêtre de Monsieur, pour se rendre intéressant, a soufflé une fois, paraît-il, sur un petit enfant tout nu, il s’est fait peindre cent fois pour ce bel exploit et il se pare pompeusement du nom de Du Bœuf de la Je-ne-sais-quoi, oubliant le joug et la crotte. Mais moi, la bonne bête, moi qui m’échine du matin au soir à chercher les meilleures herbes pour parfumer mon lait, moi, la nourrice mal fagotée, si je m’avisais, oh ! rien qu’un instant, d’aller regarder le petit de not’maît’ dormir dans son berceau, le doux Jésus, eh bien, c’est à coup de savate qu’on me renverrait à mes affaires. On ne me peint pas dans les Nativités, moi, je suis tout juste bonne pour l’étable, c’est-à-dire pour le solide. Quant à leurs blasons, bernique ! Je suis la Vache, tout bêtement. Eh bien la Vache est à vot’service, si un petit tour peut vous faire plaisir. Le garçon que voilà n’a qu’à nous atteler.

La réponse fut un bon coup de trique sur le sonnant de la croupe, assorti de quelques pointes de lardoire dans le gras.

Pesamment, la Vache s’en fut en balançant ses lourdes mamelles et en marmonnant qu’avec les hommes…

- Allons, conclut la délaissée, je me suis encore adressée trop haut. Un vieux débris comme moi, qui en voudrait ?

 

 

*****

 

 

Elle rêvait encore à cette rencontre quand, au détour du chemin, apparurent deux silhouettes familières : c’était le père Vincent et son cheval Pinson. Une amitié profonde les unissait. Tout en marchant, l’homme ne cessait de parler à la bête. Or il était si petit, tellement plié par l’âge, et le cheval si gros, que ce dernier à tout moment plongeait sa longue tête en avant, moins pour entendre ce babil d’amitié, que pour sentir plus proche cette présence chaleureuse.

L’amitié est un soleil qui ouvre les yeux en éclairant le cœur. Comme le cheval passait tout près, la délaissée fut frappée par le tremblement des jarrets qu’attristaient de grosses tumeurs grises. Une immense lassitude soulevait l’un après l’autre ces paturons chevelus, ces lourds sabots qui déviaient en se posant à terre.

- Comme il a l’air fatigué, et comme il doit être vieux ! pensa la délaissée. Plus que moi, peut-être ? Si je leur demande, ils voudront bien, c’est sûr…

Elle se tut et laissa passer les deux amis. Mais cette nuit-là, elle n’en rêva que plus ardemment à l’inaccessible horizon, derrière lequel se dissimulent tant de routes merveilleuses…

 

 

*****

 

 

Qui monte la côte à cette heure en faisant sonner, sur la terre gelée, ce petit pas hâtif et fragile ? Déjà se piquent les premières étoiles et le croissant de lune éclaire mal le nouveau venu. Pourtant, à cet œil auréolé de blanc, à cette robe de bure cendreuse, à ces oreilles usées à force de se tendre, nous l’avons bien reconnu, le doux pèlerin des chemins de la misère, frère Grison le mal aimé.

- Où allez-vous si tard ? demande notre amie.

- Je m’en vais réchauffer un petit Enfant tout nu dont on m’a parlé, du côté du soleil levant. Est-ce encore loin ?

- Comment le saurais-je ? L’autre jour, le Bœuf et la Vache, qui passaient de ce côté, m’ont bien conté quelque chose de ce genre. Mais, si je ne me trompe, c’était il y a longtemps, très longtemps.

- J’aurai donc mal compris. C’est que, voyez-vous, je ne suis pas très intelligent : on m’appelle l’Âne. J’ai beau tendre l’oreille à tout ce qui se dit, se chante ou se murmure entre le ciel et la terre, ça s’embrouille là-dedans…

- Petit frère, il fait froid, il est tard, et vous n’y voyez guère pour trouver votre chemin. C’est loin, paraît-il, l’orient. Entrez donc vous reposer un peu entre mes bras. Justement on y a laissé tomber un peu de paille. Vous me conterez votre histoire…

 

Frère Grison hésite, à cause de tout ce chemin à parcourir jusqu’au soleil levant. Mais il est si las ! Il s’allonge enfin entre les bras de la Charrette Bleue. Leur bois poli par les ans est doux aux plaies du petit frère, qui s’abandonne à la fatigue. Il sommeille, tassé au fond de l’ombre et l’on ne devine plus que sa bouche enfarinée et l’auréole de son œil clos.

De peur qu’il ne s’éveille, la Charrette Bleue se retient même de craquer.

Là-haut les étoiles décrivent leur grand cercle paisible, puis s’éteignent, une à une.

Quand vint le jour, le petit frère avait disparu. Un beau soleil d’hiver se levait sur la forêt lointaine où la Charrette Bleue savait que, désormais, nul en ce monde ne la conduirait.

 

 

*****

 

 

Et les jours et les mois et les saisons passèrent, chacun apportant sa blessure nouvelle, chacun emportant son larcin. Déjà les brancards servaient de barrière à l’entrée d’un champ ; ce fut le tour des roues de s’en aller, convenablement repeintes, orner l’allée d’une récente propriété. Le fond de la Charrette Bleue – mais pouvait-on encore lui donner ce nom ? – fut prié de fournir aussi des planches et ses ridelles des piquets. Ce qui restait était si misérable, à moitié pourri, qu’on ne trouva rien de mieux que de le jeter, de l’autre côté du chemin, dans le fossé. Il était bien question, maintenant, de partir en voyage !

 

Mais la Providence, dont les voies sont mystérieuses, voulut qu’un soir – c’était la veille de Noël – un pauvre homme, qui paraissait bien las, s’assit au revers du fossé, à deux pas des ruines, maintenant complètement ensevelies par les orties, de ce qui avait été la Charrette Bleue. L’homme fouilla longuement dans les poches de son manteau guenilleux et dans sa grosse main calleuse, il regardait cette menuaille de piécettes en hochant la tête.

- Avec ça, soupira-t-il, on pourra tout juste se mettre un peu de pain et de fricot sous la dent. Mais les petits n’auront pas de jouets, une fois de plus. Encore si nous avions une bûche à mettre dans la cheminée !

- Regarde, frère, murmure une voix mystérieuse, regarde bien sous les orties, près de toi.

Les écartant avec son bâton, l’homme découvre un petit tas de bois, bleuâtre par endroits.

- Prends ! dit la voix. C’est à toi !

L’homme hésite, ne sachant ce que lui veut cette aumône inaccoutumée. Ne dit-on pas que le diable se rit parfois de la misère du pauvre monde ?

- Allons, ne crains rien, insiste la voix, et sors ton couteau.

Et voilà que, du bois attendri par les années, émergent une Crèche toute neuve, un Enfant nouveau-né, et Joseph et Marie, et le Bœuf et l’Âne, et même la Vache ! Est-ce tout ? non, voilà des Bergers, et des personnages couronnés, dont l’homme se demande qui ce peut bien être… Le couteau inspiré court, creuse, caresse… Déjà les poches de l’homme sont bourrées de merveilleux santons. Il se lève, il s’apprête à partir.

- Attends, frère, reprend la voix, ce n’est pas tout. Allons, prends le reste pour la cheminée, et réjouissez-vous !

L’homme emporte dans ses bras un tas de petites bûches d’un bleu tendre comme les yeux d’un nouveau-né. Comme elles sont légères ! Aussi légères qu’une brassée de fleurs…

 

Ce soir-là, à la veillée de Noël, il y eut une pétulante flambée dans la cheminée d’un pauvre homme. Marie, Joseph, les Bergers, les Rois mages y gagnèrent des couleurs tout à fait réjouissantes. L’Âne et le Bœuf, personnages naturellement graves et méditatifs, en parurent presque gais. Dans les braises de l’âtre roulèrent – rubis, escarboucles, topazes – tous les trésors des Mille et Une Nuits.

 

Mais les Anges qui veillent et qui volent dans la nuit de Noël virent ce soir-là une chose plus étonnante encore : c’était, s’élevant comme un majestueux panache au-dessus de la cheminée sur le toit, un Char de fumée bleue aux roues rayonnantes, lequel, aidé par les souffles du ciel, glissait, glissait sans cahots, sans poussière, sans grincements, sans cris ni coups de fouet, par-dessus les collines et les vallées, les fleuves, les forêts, les clochers et les villages endormis…

Et ce Char portait une immense moisson de songes d’or qu’il laissait tomber ici et là – ainsi la Charrette Bleue de jadis les brins de foin embaumé – à l’intention des enfants pauvres de la terre.

 

1991, revu en juin 1994