NAISSANCE
DE L’ARBRE, ou le Médiateur
Il y a de
cela bien longtemps, l’Éternel
Songeait :
Voilà, j’ai fait la terre après le ciel
Et je
vois que c’est bien ainsi. Le seul dommage,
C’est
qu’ils ne parlent pas du tout même langage,
L’une
étant noire et lourde, et l’autre fort subtil.
Sans
quelque point commun l’amour existe-t-il ?
Alors
Dieu inventa l’ARBRE, vivant qui plonge
Des deux
côtés profonds du réel, comme en songe.
Et
l’Arbre se dressa joyeux, de l’union
De la
Terre et du Ciel, à l’appel de son nom.
Et l’une
lui donna le bois dur, plein de sève,
L’autre
la voix du vent qui passe et parle en rêve,
L’une la
rude écorce et l’autre les doux nids,
L’haleine
de la mer, les parfums infinis.
Il eut en
même temps, pour sa grâce première,
Des
racines de nuit, des feuilles de lumière,
Et tandis
que le ciel berçait l’Arbre, sans bruit
La terre
nourrissait la promesse du fruit.
Et
L’Arbre grandissait, majestueux et sage,
Paisible
et plein de chants, dans l’azur sans nuage.
Et c’est
depuis ce temps que la Terre et le Ciel
S’aiment,
dans leur enfant, d’un amour éternel.
6 avril 1980, jour de Pâques