VŒU MODESTE

 

Si je mourais en mer, ô Muse,

Ce qui me plairait, le sais-tu ?

Fais que je sois une Méduse,

Petit cœur transparent et nu,

Cœur qui palpite au moindre flux,

Fleur sans racine, âme sans ruse,

Songe monté de l’inconnu…

 

Fais que je sois la vaguelette

Qui danse et flatte avec douceur

Les fins mollets de la fillette,

Fais que je sois la vague honnête

Qui berce l’homme sans bonheur…

 

Plutôt : lorsque je serai mort,

Fais que j’habite une coquille

Douce aux doigts d’une jeune fille.

Un peu de sable brille au bord…

 

Que je murmure, moi qui n’eus

De don qu’oral, à son oreille,

Et, s’il se peut, que je sommeille

Entre deux seins calmes et nus.

 

1969