C’est le soir. Frère Yvon, tout rose et
rondelet,
Ses prunelles d’enfant à jamais éblouies
De ciel, en attendant la cloche de
complies,
Se promène au jardin et dit son chapelet.
Longs soirs de juin, si beaux ! Un
essaim de novices
Passe, et leurs gestes gais font danser le
froc noir.
Corps bourré de douleurs, mon frère Yvon,
ce soir,
Les regarde, perclus d’amour et de délices.
Ce nuage, là-haut, Seigneur Dieu, on
dirait…
Un caressant parfum rôde…Yvon est distrait,
L’Ave meurt sur Ave. Furtif, Yvon se signe…
Le ciel où point l’étoile est un grand
Gloria.
La cloche ! Christ, merci !
Capuce bas, très digne,
On entre. – O paix de l’ombre, encens… Ave,
Maria !
Plouharnel, 1973