Mère, quand nous serons tous deux en paradis,

Ayant laissé bien loin, sous l’if du cimetière,

Les fautes et le mal d’une existence entière

Avec nos cœurs défaits, à jamais refroidis,

 

Nous nous rappellerons les matins de jadis

Et, voyant toute chose en sa jeune lumière,

Nous nous regarderons comme en l’aube première

Avec une âme neuve et des yeux agrandis.

 

Et nous dirons : « C’étaient donc là nos jours de songe,

Ces pauvres vérités qui n’étaient que mensonge ?

Nous vivions sous l’airain de l’ancienne Loi ».

 

Mère, voici Noël, paix sur toi, pauvre mère !

Ma route n’est plus longue, elle monte vers toi.

Nous nous embrasserons entre les bras du Père.

 

jour de Noël 1977