LES DONS DE L’ÉTÉ
Bel été, donne-moi la source
ensevelie,
Miroir de la sagesse au fond de la
folie.
Donnez-moi, Peupliers, votre élan
vers le ciel
Et le frémissement de vos feuilles
de miel ;
Vous, chers ruisseaux, votre œil
qui dans l’ombre pétille
Et votre chanson fraîche et vos
rires de fille,
Et vous, vergers, l’ardeur
attentive du jour
Mûrissant chaque fruit avec le même
amour.
Je veux, blés, votre fine et brunissante armure
D’épis serrés et la houle des
moissons mûres.
Je veux, pour apaiser la fièvre de
mon sang,
Le dôme des forêts et leur parfum
puissant ;
Et quand mon esprit, las de courir
l’aventure,
Voudra goûter l’oubli, ô ma mère, ô
Nature,
Donne-moi tes fossés d’herbe folle,
humble lit
D’où je vois cheminer vers le ciel
sœur Fourmi,
Et les grands prés du vent et leur
houle profonde
Pour y rouler, perdu, jusqu’à la
fin du monde.
Août
1967