POUR UNE SAINTE OBSCURE
Il est, au bout du monde, au rivage
d’Armor,
Une humble église de granit comme
effacée,
Que le vent rude étreint, que le
temps a tassée
Pour rejoindre la paix des rochers
et des morts.
C’est ici que l’aïeule, en l’avril
de son âge,
Ayant déjà cueilli l’ajonc de la
douleur,
Apprit à murmurer le doux nom du
Sauveur
Et commença gaiement son dur
pèlerinage.
Son âme hante encor ce ferme et
frais pilier,
Ce berceau bleu, ce grès fidèle,
ces feuillets
D’où monte en fleur l’encens doré de
tant de fêtes…
Toi qui passais, demeure un
peu ; plie un genou.
Ici le cœur s’éclaire et meurent
les tempêtes.
Âme de notre sainte, ayez pitié de
nous !
Plouhinec (près d’Audierne), 25 juillet 1969