LE GRAND SILENCE

 

O morts, que vous êtes silencieux,

Vous qui nous parliez si gaiement naguère,

Corps délestés du mal, âmes légères,

O voyageurs sans oreille et sans yeux !

 

Parfois vous vous glissez, mystérieux,

Dans nos songes, têtes presque étrangères.

Nous direz-vous ce qu’aux jours de la terre

Nous n’avions pas compris, insoucieux ?

 

Que de choses vous auriez pu nous dire !

Mais non, nimbés de vos tristes sourires

Et  de vos derniers mots tout radieux,

 

Vous flottez loin de nous, sur quel déluge !

O morts pareils à Celui qui nous juge,

O morts pareils au silence de Dieu !

 

4 septembre 1974