EN CE TEMPS-LÀ

 

Elbe ! Je me souviens de l’été de jadis

Quand nous allions, libres et nus, par les rivages,

Tout au long de ces jours qui furent sans nuages,

Cueillant de tous les fruits, ainsi qu’au paradis !

 

Midi parmi les vignes hautes nous ramène

Ivres d’or et d’azur et de poisseux muscat

Tandis qu’entre les pins s’étale et dort l’éclat

Du grand orbe marin où quelque songe traîne…

 

Puis nous redescendions, lèvre en feu, cœur léger,

Prendre sous les roseaux un repas de berger,

Olive, herbes, pain bis et rustiques laitages.

 

L’après-midi somnole, indécise… Et le jour

Ayant brûlé, déjà glissait dans les feuillages

La lune, qui préside aux furtives amours…

 

été 1969, revu 1971-1997